Avec sa sensibilité et le souffle poétique qui anime tous ses écrits, S. Germain nous parle dans ce livre du silence de Dieu. Dieu restant sourd à leurs appels, beaucoup désespèrent au point de conclure : « ça suffit, ce silence a tant duré qu'il ne peut qu'être la preuve de l'inexistence de Dieu ».

Y a t-il une conclusion moins radicale ? « Nos jugements sont souvent expéditifs, gros d'impatience et de fainéantise intellectuelle et spirituelle ». S. Germain développe que si Dieu existe, il se doit d'être  à la fois bon , omnipotent et omniscient.

Or, face au mal qui sévit dans le monde, si Dieu est omnipotent et omniscient la dimension de bonté s'abolit d'elle-même. S'il n’est pas omnipotent et omniscient, un Dieu impuissant et ignorant serait exonéré du mal régnant dans le monde mais n'aurait pu créer le monde.

La réunion de ces trois éléments est un non-sens, leur cohésion rigoureusement impossible.

La bonté ne peut pas se concilier à la fois avec l'omnipotence, l’omniscience et avec le mal.

L’auteur nous exhorte à faire table rase de nos rancoeurs, colères, préjugés  pour « tenter d'affronter à ouïe nue, le lancinant silence de Dieu » Elle cite S. Weil qui dans l'extrême dénuement d'être qui fut le sien disait « Dieu ne peut être présent dans la création que sous la forme de l'absence » Il aurait renoncé à régner dans ce monde ouvrant un espace infranchissable entre lui et les hommes, leur laissant leur liberté .En échange il n'aurait demandé que leur amour.

Gros risque cette liberté donnée. . . car force est de constater que bon nombre d'humains face au silence de Dieu n'ont d'ouïe que pour les chants des sirènes , usent et mésusent de cette liberté , dont ils ne questionnent ni l'origine , ni le sens , ni la fin , saccageant , ensanglantant la terre .

« Pour tous ceux-là, le silence de Dieu est une évidence, nullement une question ; une bonne aubaine, non un tourment. Et pourtant ce sont ceux-là qui mettent en relief le mystère du silence, à leur insu, au creux de leurs méfaits ».

Le prophète Élie a eu cette révélation du silence au mont Horeb. Sors de ta caverne Élie, le Seigneur va passer. Eclatent coup sur coup un ouragan, un tremblement de terre, un incendie. Il est précisé que Dieu ne s'y trouve pas, le spectaculaire n'est mentionné que pour mieux être rejeté. Enfin le bruissement d'un subtil murmure « il faut avoir aiguisé son ouïe à l'extrême pour devenir apte à percevoir un souffle si ténu, Dieu, un brin de silence qui vibre. »

 

« Le silence est une im-matière fissible, il faut la briser à force d'écoute et d'interrogation jusqu'à provoquer l'émanation et l'épanchement de l'immense réserve d'énergie contenue en elle ».

 

Denise Leconte

 

 

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