OÙ ES-TU QUAND J'AI MAL ?

 

Bertrand Lebouché

Anne Lécu

Cerf

 

B.Lebouché est dominicain et travaille comme médecin dans l'unité sida et hépatite à Lyon  et A.Lécu dominicaine travaille comme médecin généraliste dans une maison d'arrêt de la région parisienne.

Où es-tu quand j'ai mal ? et plus généralement quand je suis dans le malheur , toute forme de malheur : la maladie , la douleur , la souffrance, le vieillissement , la perte d'êtres chers, perte du travail , du logement , des repères , de son pays etc. . .

La souffrance , sous toutes ses formes remet en cause la relation à soi-même , aux autres et à Dieu.

Les auteurs disent que ce livre n'est pas un livre d'experts mais de témoins et proposent au travers de ce qu'ils ont écouté , vu , entendu  «  un chemin à parcourir et donner des mots pour dire cette expérience de la souffrance ,  une expérience qui reste impossible à saisir pleinement mais que , peut-être , ces mots pourront aider à traverser »

L'Espérance chrétienne , si elle n'apporte aucune réponse à l'énigme du malheur , espère qu'un sentier praticable s'ouvre pour chacun.

La maladie est un exil en terre étrangère : il y a un étranger chez moi et je ne peux pas le fuir .De plus il faut se livrer aux mains des autres et cette confiance obligée peut nous paraître insurmontable.Autre exil : le regard des autres qui me renvoie à ce qui m'arrive.Pourtant cet exil peut aussi être l'occasion de nouvelles découvertes sur soi et sur les autres. Une foule de questions se pose au malade et à son entourage et il n'y a pas toujours de réponses : notre entourage n'aura-t-il pas l'impression de vivre avec un étranger ? Ne risque -t-il pas de nous devenir étranger ?Comment laisser à celui qui souffre sa liberté d'être ce qu'il est?Trop de prévenance envers celui qui a perdu une partie de son autonomie peut lui enlever le peu d'autonomie qui lui reste.

Il y a un très beau chapitre sur « l'étranger » Notre monde est peuplé d'étrangers de toutes sortes .L'étranger est non seulement l'inconnu , mais celui qui sourdement fait peur.L'étrangeté du Samaritain lui évite d'être enfermé comme le prêtre et le lévite par la loi sur la pureté empêchant de porter secours au blessé.Ainsi l'addition de deux étrangetés permet le rapprochement , le pont.

 Les auteurs consacrent quelques pages à Job . Puisqu'il persiste à dire qu'il est juste et qu'il n'a pas de fautes à  confesser , ses amis se détournent de lui.Ultime souffrance .

Dieu ne reproche pas à Job sa révolte , mais de vouloir trouver un responsable.Il s'agit d'accepter de laisser mourir nos images de Dieu ,afin de véritablement le rencontrer.L'expérience de Job montre combien ce chemin est difficile , long et déconcertant.

« Aucun malheur ne résume notre existence.Nous sommes toujours plus grands , notre vie est plus vaste que ce qui la terrasse. »

Et si Dieu ne guérissait pas ? Ou plutôt s'Il ne guérissait pas comme on l'imagine?Guérir , ne serait-ce pas plutôt de tenter de demeurer vivant au milieu de tout ce qui nous arrive et que nous n'avons pas choisi ?