Trois amis en quête de Sagesse de Christophe ANDRÉ, Alexandre JOLLIEN et Matthieu RICARD

Aux éditions Allary, l'Iconoclaste

Le mot « Quête » donne bien le ton du livre.
Ces trois auteurs respectivement psychiatre, philosophe, moine bouddhiste, ne nous assènent pas du haut de leur fonction ou de leur état, les recettes d'une Sagesse « prête à l'emploi ». Christophe André le précise bien lorsqu'il dit « comment transposer ces sagesses, ces expériences, ou ces données 
adossées à la science, que nous connaissons, en outils réconfortants, encourageants et utilisables par ceux qui vont lire notre livre : nous sommes sûrs que ces choses-là sont importantes, mais nous ne sommes pas sûrs que nos lecteurs vont pouvoir les recevoir, au stade précis où ils en seront face à ces lignes » 

Alexandre Jollien met l'accent sur les dangers qui nous guettent lors de situations compliquées où l'on ne voit pas d'issue : tout miser sur la volonté ou abdiquer et démissionner.
M.Ricard, rejoignant Heidegger qui dit « le réel n'a d'existence hors la conscience qui l'appréhende », nous invite à changer notre perception des choses. 

 

C'est un livre qu'il faut avoir chez soi, pour en lire un peu chaque jour, car les discussions où chacun donne son éclairage, sont tellement riches, qu'il faut du temps pour les assimiler. Ainsi leurs propos sur l’empathie, la compassion, l’altruisme, permettent de clarifier ces concepts et aussi de réhabiliter des qualités telles que la gentillesse, la bienveillance, qui ont parfois une connotation négative comme le souligne Ch. André : « on a tendance à voir la gentillesse comme une faiblesse, alors que c'est dans l'arrogance et l'agressivité que je
vois des signes de faiblesse. »
Tous les trois ont des points de vue qui diffèrent sur les notions de regret, remords, culpabilité, honte, et ils les exposent très clairement, Alexandre avec le vécu de son handicap, Mathieu avec sa connaissance du bouddhisme et Christophe avec ses études en psychologie. Le chapitre « apprendre à vivre avec ses émotions » dont Alexandre dit qu'elles nous rongent jour après jour et nous empoisonnent la vie » est riche de l'expérience de chacun, Christophe étant un spécialiste des troubles émotionnels et Matthieu qui nous donne le point de vue bouddhiste pour lequel le seul critère valant la peine d'être envisagé est le bien- être ou la souffrance qui en résulte.
Matthieu insiste beaucoup sur la tendance que l'on a à sous-estimer considérablement le pouvoir de transformation de notre esprit, s'appuyant sur les neurosciences qui montrent clairement que l'entraînement régulier provoque des changements dans le fonctionnement et la structure même de notre cerveau et, dit-il, pour se transformer, il n'y a pas d'autre solution que la pratique quotidienne. Un chapitre intitulé « nos pratiques quotidiennes » montre ce que fait chacun, ce qui les aide, les obstacles qu’ils rencontrent, leurs conseils pour avancer. Là où tous les trois s’accordent sans restriction c’est pour dire que lorsqu'on croit ne plus rien pouvoir pour aider quelqu’un, il faut accepter d'être totalement impuissant tout en étant intensément présent : « ce que l'on perd dans la capacité à changer la condition et la souffrance d'autrui doit être transféré dans l'intensification de la présence »