Publié le 5/04/2020

La Bible, soutien à notre courage

« La Bible est une source inépuisable. J’y trouve toujours une force qui m’interpelle et me permet de tenir face aux difficultés et au désarroi. “Au commencement était le Verbe”, dit le prologue de l’Évangile de Jean. Cette parole, mystérieuse, va nous chercher dans nos profondeurs psychologiques et spirituelles, car Dieu nous arrive toujours dans une question : “Adam, où es tu ?” “Caïn, qu'as tu fais de ton frère ?” “Donne-moi à boire”, demande Jésus à la Samaritaine. Et nous sommes en vie quand nous sommes prêts à écouter et à répondre à cette parole suscitante et ressuscitante. C’est donc le moment actuellement d’ouvrir la Bible.

 

Un soutien à notre courage
Les grandes figures que l’on y croise, tel Abraham qui, sur ordre de Dieu, part, quitte son pays sans savoir où il va, montrent qu’il n’y a jamais de certitude sur nos chemin de vie. Beaucoup de psaumes expriment la détresse devant les impasses, ce qui est insoluble, même s’il est aussi rappelé, comme au psaume 17 : “Lui m'a “dégagé”, mis au “ large”, il m'a libéré, car il m'aime.”

 

Quant aux Béatitudes, elles n’annoncent pas un avenir magnifique. Seulement que l’on doit marcher et que le pas suivant est possible. Cela m’amène à une prière des carmélites de Mazilles (Saône-et-Loire) : "Où il ne reste rien, je voudrais te dire que je ne manque de rien", cet appel à se sentir rencontré par une présence soutient notre courage nous aimerions désespérer.

 

Les rabbins parlent du "point intérieur", le lieu de l'empreinte de cette originelle bonté qui nous accompagne. Presque impalpable, elle est le signe de la fragilité de ce Dieu qui n’a rien à proposer si ce n’est qu’on lui fasse une place, qui attend que nous lui donnions à boire. Il n’est pas une aide magique. Jésus dit à la Samaritaine : c’est en toi que sont les fontaines jaillissantes.

 

Un chemin d'espérance

Déjà dans le Premier Testament, la Bible montre des femmes tenaces pour que la vie passe malgré tout chaque fois que possible. Avec les matriarches, il y a beaucoup d’exemples. Prenons Rahab (Livre de Josué, chapitre 2), qui accueille deux espions juifs, envoyés à Jéricho se renseigner sur le pays qui allait leur être donné par Dieu. Avec une audace inouïe, cette femme dit à ses futurs envahisseurs : "Je sais que le Seigneur vous a donné le pays" et elle leur fait promettre d’épargner sa famille à leur retour. Puis elle les aide à s’enfuir. On la dit prostituée, comme souvent quand une femme se bat seule, on la rabaisse. Je la vois comme une aubergiste qui habite "sur le rempart", accepte l’entre deux, le seuil.

 

Face au virus, nous voici appelés à nous ouvrir pour faire alliance avec ce qui peut advenir au-delà de ce mal.

 

C’est peut-être là notre rôle. Avoir le courage d’inventer des chemins. D’être ouvert à l’imprévu plutôt que de fermer sa porte. Face au virus, nous voici appelés à nous ouvrir pour faire alliance avec ce qui peut advenir au-delà de ce mal. "Ne crains pas, je t’ai appelé par ton nom", chez Esaïe (chapitre 43, verset 1). Chacun dans sa singularité est appelé à occuper sa place de vivant parmi les vivants, à accomplir son petit moment d'humanité.

 

La Bible nous invite à marcher dans l'incertain le cœur et les mains ouverts, avec l’humilité de ne rien savoir, si ce n’est qu’un Autre en moi sait pour moi. “Dans ce camp, il ne fallait pas laisser filer son être”, écrit Charlotte Delbo après sa déportation. Comme elle, accrochons-nous à tous les signes de solidarité qui nous remplissent d'espérance. "Ta foi t’a sauvé”, dit Jésus plusieurs fois dans ses rencontres. Ce qui nous sauve, c’est la confiance qu’il y toujours un chemin. »