Publié le 14/05/2020

Jonathan Konitz

 

Le "crieur public" donne de la voix pour rejoindre les confinés

 

À Saint-Brieuc, le crieur public Gaspard Verdure, de l'association culturelle Hazard et Cætera, délivre les messages que lui confient les habitants confinés pour les transmettre à leurs proches.

« Alors, voyons voir où se situe notre rendez-vous... 10... 12... 14... c'est là. Le numéro 16. » Dans une cité populaire de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), le crieur public Gaspard Verdure vient délivrer un message. Un coup de clairon et Jacqueline est avertie de la présence de l'artiste devant sa porte. « J'ai un message de la part de vos petits-enfants, Noah et Ilona : on pense à toi mamie ! » Il enchaîne avec une chanson de Serge Gainsbourg, l'Herbe tendre, accompagné de son ukulélé. Effet garanti.

Les voisins n'en perdent pas une miette, amusés. La retraitée savoure l'instant en chuchotant les paroles. « C'est une bonne surprise ça ! Je vais vous prendre en photo ! » Trois semaines et demie que Gaspard, de la compagnie Drôle d'Hazard constituée en l'association culturelle Hazard et Cætera, sillonne la cité briochine pour distribuer gratuitement messages, poèmes et chansons. Sept jours sur sept, souvent, épaulé par ses comparses Pauline Balthazar, Diane Giorgis et Ali Khelil. Il explique : « Dans un moment comme celui-ci où les gens se manquent, où les occasions d'avoir du lien social se font rares, nous sommes comme une carte postale vivante. Nous aidons à briser la monotonie. »

À l'heure actuelle, plus de 210 messages auraient été distribués. Côté logistique « le soir, nous réceptionnons les messages sur nos différentes messageries. Nous nous les répartissons par secteur, puis les distribuons le lendemain. » Mais pas le temps de se perdre en explications. Gaspard a toujours une missive sur le feu. Dans cette rue, un anniversaire à souhaiter. Avec un jour de retard. « Un loupé ! » Pour les 37 ans d'Éric, féru d'arts martiaux, sa femme Audrey lui a écrit un texte. Et a demandé à Gaspard de le lire. « Tu es né prématuré, et tel un ninja tu t'es battu ! » Éric est ému, les voisins attendent la suite. « C'est le genre de cadeau dont je me souviendrai ! » Une fois le spectacle terminé, les verres de cidre circulent dans la rue. Les riverains prennent des nouvelles des uns des autres. En respectant soigneusement les règles de distanciation physique, en attendant les nouvelles sanitaires liées au déconfinement.