Vivre ce temps de crise à la lumière de Pâques par le Père Philippe Pottier

 

Comment témoigner de la joie pascale au cœur de ce monde en feu ? Dans cette crise qui nous a pris par surprise et ébranlé ; dont on sait maintenant qu’il nous faudra vivre avec un temps certain ? Ce virus au nom si peu poétique de Covid 19 opère un grand chambardement dans nos vies personnelles, sociales et cela à l’échelle planétaire car « tout est lié » ! Chaque jour, nous mesurons un peu plus que nous ne sortirons pas du déconfinement en retrouvant la situation d’avant.

 

Comment être dans la joie pascale alors qu’autour des personnes souffrent, sont dans l’incertitude et l’angoisse face à un devenir incertain ? Que deviendrons les emplois et l’économie quand nous serons sortis du confinement ? Nous ne sommes pas sourds à l’angoisse de commerçants, d’artisans, de chefs d’entreprises et de salariés dont l’avenir est on ne peut plus précaire pour certains !


Comment ne pas être touché par la souffrance de tant de familles qui ne peuvent vivre leur deuil comme elles auraient aimé le vivre. « On nous a volé la mort de papy » pouvait s’écrier lundi après-midi la petite fille du défunt dont nous célébrions l’inhumation en l’église St Jean de Flers ; sans parler de la souffrance d’entrer dans une église vide alors que le défunt était un homme de relations comme le rappelait sa fille.

 

Nous le mesurons bien, grâce au réseau téléphonique mis en place sur la paroisse dès le début du confinement, que nous sommes entrés dans le dur. Des personnes isolées, sans internet, sans famille ou peu de famille, sont dans une souffrance relationnelle. Nous avons vu, ces deux dernières semaines, une demande de certains de les rappeler deux à trois fois dans la semaine. La solitude pèse lourde et la visitation par téléphone apporte un peu de la paix pascale. 


Comment dire la joie pascale en telle situation ?  Tous d’expérience, nous savons que nos mots sont bien maladroits et peuvent devenir insupportables pour celui qui est dans la nuit. Je vous rappelle l’expérience de Job dans la Bible, le juste sur lequel s’abat malheurs sur malheurs. Les paroles maladroites de ses amis ne peuvent lui être qu’insupportables. 


Bien modestement, sachant que c’est ensemble, dans la diversité de nos vocations et de nos expériences que l’on peut avancer, je voudrais essayer, sous le mode plutôt d’un partage de discerner dans le message pascal quelques repères pour vivre notre aujourd’hui. … C’est sans prétention et bien modeste !


J’y vois aussi et surtout une invitation pour chacun à prendre la parole dans les jours qui viennent pour partager l’expérience spirituelle vécue avec ce confinement ; le cheminement intérieur que produit l’accueil de la Parole de Dieu dans nos vies confinées ; sans oublier ces révoltes ou doutes qui habitent nos « cœurs lents à croire » 

 

1) Une similitude, toute proportion gardée : en état de choc...

 

Certes, nous ne sommes pas dans la même situation que les disciples de Pâques ou les premières communautés chrétiennes. Ne faisons pas de télescopage trop rapide ; n’allons pas chercher un recours magique aux récits comme s’ils étaient de pleins pieds avec notre aujourd’hui. Pas de fondamentalisme.
Cependant, à l’écoute des récits de la résurrection pendant cette semaine, peu à peu, je mesurais ce que je peux appeler maladroitement une certaine parenté d’état de choc entre l’expérience des disciples et notre situation engendrée par le Covid 19.

 

11) L’état de choc des disciples dans l’expérience pascale

Ils avaient mis leur espérance en un « messie politique » qui les libèrerait de l’occupation romaine et voilà qu’il termine comme un paria, sur une croix.  Ils l’avaient acclamé rameaux en mains, mais ils l’avaient laissé terriblement seul dans son combat de Gethsémani. Ils se croyaient forts et voilà qu’ils se découvraient fragiles, peu téméraires, le trahissant, pleurant sur eux-mêmes …


Cet état de choc, nous le retrouvons au cœur de l’expérience pascale. Les femmes au tombeau, Marie Madeleine ont rendez-vous avec un tombeau vide, un corps disparu ; un double deuil à vivre !  Rappelez-vous la marche des deux disciples de Jérusalem vers Emmaüs, défaits, en chemin de désespérance. Rappelez-vous les Apôtres enfermés, confinés par peur des juifs ! Les rencontres avec le ressuscité vont rencontrer des hommes et femmes en état de choc.

 

12) Nous sommes en état de choc 

Depuis l’immixtion de ce virus, nos rêves de toute puissance volent en éclat ! Nous nous découvrons extrêmement vulnérables et désarmés ! Nous prenons une sacrée claque ; et il faudra du temps pour l’intégrer ! 


Reconnaissons-le, il nous est difficile de consentir à avancer dans l’inconnu, de voir nos repères (solidement établis ou fragiles) se fracasser sur le roc d’un réel non choisi, introduit par un simple mais si puissant virus.  Que de combats intérieurs pour consentir à ne pas « savoir », à « ne pas avoir un mot sur tout ;  à ne pas programmer et devoir apprendre à vivre avec ce Covid 19, et à vivre autrement ! 

 

13) Mais ce temps de crise peut être un rendez-vous pascal ….

Les femmes au tombeau, Marie Madeleine, Thomas et ses amis, les disciples d’Emmaüs, ont vécu un véritable retournement. Au cœur de leur déception, de leur nuit, ils font faire la rencontre avec le Vivant ! Le même et tout autre ! Une rencontre qui les faisait passer du doute à la confiance, de la peur à l’audace des chemins risqués et exposés !
 

Il leur fallait consentir à entrer dans une nouvelle aventure dont ils ne savaient pas ce qu’elle serait ! Ils seraient invités à se laisser guider par l’Esprit du Ressuscité dont « on ne sait ni d’où il vient, ni où il va », dans un consentement à un laisser faire de la grâce. Ils seraient invités à la suite de Nicodème à renaître d’en haut et à rejoindre les Galilées où le Ressuscité les précèderait jusqu’à la fin des temps.

 

Nous pouvons être un peu ces femmes, Marie Madeleine au tombeau, le disciple qui marche avec Cléophas, Thomas, Nicodème ….   Aujourd’hui comme hier au matin de Pâques, comme par surprise, le Ressuscité s’invite dans nos vies confinées et inquiètes. Il cherche à entrer dans nos propres fissures pour faire advenir l’homme nouveau que nous sommes appelés à être depuis notre baptême ; l’homme nouveau dans ses dimensions personnelles et sociales.

 

Alors, comment ne pas vous inviter à prendre le temps de relire ce qui nous arrive depuis plus d’un mois ? les étapes par lesquelles nous passons ? ce qui surgit en nous de beau comme de moins glorieux ?  Le fameux discernement des esprits d’Ignace de Loyola si pertinent pour ce temps de crise.  Nous découvrirons peut-être, émerveillés, les signes du travail du Crucifié Ressuscité dans nos propres vies. Nous oserons certainement rendre grâce pour ce que nous devenons :  plus « vivants », « ressuscités », hommes et femmes du matin de Pâques ! Mais peut-être aussi et certainement ; il faudra du temps au temps, du temps à l’Esprit du Ressuscité pour qu’il ouvre des portes encore verrouillées, des pierres encore à rouler …

 

14) «  Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a resuscité ». N’oublions jamais le Ressuscité est un crucifié ressuscité ….

La rencontre avec Thomas, dans l’évangile de Jean est en cela éclairante. Le Ressuscité se donne à rencontrer avec ses plaies ! Le corps du Ressuscité se donne à voir non pas dans sa beauté originelle mais avec les marques de la passion. Thomas est même invité à mettre ses doigts dans la marque des clous en échos avec sa résistance à faire confiance au témoignage des autres disciples une semaine auparavant. Il est invité à lire le corps du Ressuscité avec les marques de la Passion. 

 

En passant par les plaies du crucifié ressuscité et la marque des clous, Thomas va pouvoir faire le pas de la foi : « Mon Seigneur et mon Dieu » ! « Il a vu les blessures et il a cru » dira St Thomas d’Aquin comme Jean, le disciple bien aimé, devant le tombeau vide était entré dans la foi pascale : « Il vit et il crut ».
Dans les stigmates du Crucifié Ressuscité, Il lit les stigmates l’amour dont il est aimé. Il lui donne toute sa confiance, non parce qu’il a vu mais parce qu’il a été mais parce qu’il est touché au plus profond de lui par l’amour divin. « Thomas a touché l’homme et il a reconnu Dieu » comme aimait à dire St Augustin. La chair du Christ l’a conduit au Verbe.

 

Le matin de Pâques ne peut se comprendre sans le passage par la Croix. Non pas comme un simple épisode mais comme le grand passage qui donne tout son sens à la résurrection de Jésus. Le oui de son Père à sa vie totalement livrée et offerte, don de l’Amour dans sa plénitude et sa beauté divine.

 

Le cri du matin pascal ne peut s’entendre sans le passage par la nuit du combat spirituel de Jésus. Qui de nous en ce Jeudi Saint n’a pas été touché par la prière de Jésus au jardin de Gethsémani : « Père si c’est possible que cette coupe s’éloigne de moi mais non pas ma volonté mais ta volonté » ? Ce combat du jardin a pu nous rejoindre dans chacun de nos jardins intérieurs. Sa peur devant la mort peut prendre avec elle nos propres peurs face à la mort,face à un avenir incertain ou risqué … 


Le cri du matin pascal ne peut s’entendre en étant amnésique des 7 paroles de Jésus sur la Croix. Qui de nous ne s’est pas reconnus dans au moins l’une d’entre elles ? Elles ont pu être notre prière, de nos cris... Elles ont pris le visage de tant de personnes connues ou inconnues. Je vous invite d’ailleurs à les reprendre, à vous laisser habiter par elles car elles sont tellement vraies par rapport à ce que nous vivons. La passion de Jésus n’est pas seulement le grand rendez-vous de la Semaine Sainte !  Elle est de notre aujourd’hui et de demain, à nous peut-être, à beaucoup certainement.


 « Celui qui a été éprouvé en tous points à notre ressemblance, mais sans pécher » ( He 4,15) vient nous rejoindre dans nos propres chemins de nuit parce qu’il les a traversés ! C’est d’ailleurs là la grande force du mystère de ce Dieu fait homme en Jésus. Il peut me parler car il a lui-même traversé la peur, l’angoisse et le passage par la mort. Ce n’est pas une parole surplombante, atemporelle, mais passée par le crible de la souffrance.


Les chrétiens sont des hommes et femmes de la mémoire de la passion et de la résurrection. La memoria passionis si cher au théologien Jean Baptiste Metz dont la pensée peut encore être éclairante pour notre vie de disciples, notre mission personnelle et ecclésiale en ce temps de crise. Tous liés dans cette tempête. 


Entendons-nous les cris des pauvres en échos aux 7 paroles de Jésus en Croix ? Ils ne circulent pas nécessairement sur nos réseaux sociaux mais ils sont bel et bien là, dans nos villes et villages, en Afrique, à Quito, dans les quartiers pauvres de New York ...C’est d’ailleurs une véritable provocation pour les disciples que nous cherchons à être et pour notre Eglise appelée à vivre le lavement des pieds, être Simon de Cyrène ou Véronique …  La memoria passionnis !

 

15) Pâques ne se comprend pas sans le silence du Samedi Saint. 

Je ne peux entrer dans la joie pascale sans le passage par le silence du Samedi saint. Pas seulement celui d’un jour mais ce silence qui fait intrusion dans nos vies par ces événements qui bousculent tout, même les évidences et les structures que l’on pensait solides. Nous en avons tous vécus.


Permettrez moi de dire ici ma reconnaissance profonde au Père Xavier Thévenot. C’est avec lui que j’ai découvert l’importance et la signification de ce jour qu’on a tendance à trop oublier ( on passe de la Croix à la joie pascale ! or, or il y a eu le temps si dense dans l’apparence d’un vide, du samedi saint). 


Les disciples, Marie ont du faire l’expérience de l’absence, de la perte, du deuil.« La pierre du tombeau se referme, laissant chacun dans le silence apparent de Dieu, face aux excès de douleur, de non-sens, et même de honte pour ceux qui ont été lâches » ( X Thévenot, Avance en eau profonde, page 93 ). Il leur faut consentir à l’échec, à l’impuissance, à la réalité de la mort.


Comment ne pas citer cette puissante « Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi ) dont voici quelques extraits et que vous pourrez reprendre en entier.


« Que se passe t’il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre : grand silence et encore solitude parce que le Roi sommeille .. Parce ce que Dieu s’est endormi dans la chair … Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler.
C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui habitent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui, c’est vers Adam captif et en même temps Eve, captive-t-elle aussi que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer des douleurs.
Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la Croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, se frappant la poitrine dans la stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton Esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : « Eveille toi, ô toi qui dors, relève toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera » …..

 

 Que se passe-t-il ? Que devient-il ? Jour de silence, « grand silence sur la terre ». Silence de la perte des évidences, de la nuit des sens et du sens .. qui rejoint tant d’hommes et de femmes un jour dans leur vie. Nous sommes peut-être de ceux-là ce soir, derrière notre écran, avec personne pour le partager, ou seul parce toute traversée de la souffrance est expérience de solitude ! Travail spirituel de purification de sa relation à Dieu, de son visage de Dieu. Deuil d’un deuil tout puissant, super héros, invulnérable, dans son ciel mais qui ne rejoint pas l’homme dans son histoire.


Que se passe-t-il ? Apparemment rien mais c’est le travail de Dieu le plus grand, en silence, sans Facebook, sans caméra … qui, « muni de la Croix, l’arme de sa victoire », va chercher l’homme, la femme jusque dans les profondeurs de ses enfermements,  .. Je vous renvoie à cette icône me parle beaucoup en ce temps pascal ; elle est d’ailleurs en bonne place dans mon bureau. Le Christ prend Adam par la main ( et Eve comme vous avez entendu ! )… 


Amis, n’est-ce pas cela accueillir le mystère pascal dans nos vies en ce moment  ? Se laisser relever par le Christ ou/ et par un frère nous qui voulons si souvent nous relever par nous-mêmes ! Entendre l’appel à être main tendue pour celui qui tout près de moi ou là bas seul dans ses murs, a besoin de se laisser par relever par ton écoute, ta présence de compassion avec les moyens que tu as … C’est cela être témoin du Ressuscité !

 

16) Se laisser éclairer par la rencontre du Ressuscité sur la route d’Emmaüs 

Nous connaissons bien ce récit d’Emmaüs ; qui de nous ne l’a pas accueilli et réaccueilli, au fil de sa vie et des routes de nos vies ? Comme il est précieux en ce temps de crise !

1. Jésus Ressuscité lui-même les rejoint sur leur chemin de nuit, dans leur conversation, dans leur désarroi partagé, dans leur ébranlement, dans ce deuil de celui en qui ils avaient mis tant d’espérance.  

Il les rejoint dans leur conversation comme il nous rejoint aujourd’hui dans toute nos conversations. Il habite nos échanges où se disent nos peurs, nos déceptions, nos coups de blues,… Il les prend avec lui comme sur la route d’Emmaüs car il ne sait être que compassion, écoute, tendresse …

 

2. Il se fait conversation et une conversation décisive

Il entre en conversation « comme un ami parle à un ami » dira la magnifique constitution Dei Verbum. Il suscite même leur parole : « Quels sont les propos que vous échangez en marchant ? » Il leur donne la parole. Il va leur permettre d’objectiver leurs désillusions, leurs blessures.  

Amis, dans la prière, offre tout ce qui te traverse, t’habite ; expose toi, ne te cache pas comme hier ils se cachaient, par peur , dans le jardin d’Eden. 

Prends le temps de te faire conversation avec celui qui a besoin d’une parole qui l’autorise à dire ce qui est enfoui. Surtout n’oublie pas la belle pédagogie du Ressuscité ; il commence par laisser venir, advenir leur propre parole, leurs propres mots … car nos histoires de vie sont toujours des histoires uniques … Ecouter ! Ecouter d’abord ! Et nous savons tous d’expérience que c’est un combat ! un combat jamais gagné !

 

3. Une parole qui va passer par les Écritures

 

 « Esprits lents sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu’ont dit les prophètes. Ne fallait-il pas que le Christ » .. La parole qui va les interpeller mais comme vous l’avez vu, elle n’advient qu’après un temps de marche avec, d’écoute, de parole suscitée ….

Par cette interpellation, ils découvrent qu’ils se sont détournés du chemin qui conduit à Dieu. Les paroles de l’Ecriture vont pouvoir prendre sens. Ils découvrent jusqu’où est allé l’amour, dans l’extrême faiblesse ; qu’il sauve en aimant jusqu’au bout.

Amis, n’est-ce pas aussi un peu de cela que nous découvrons depuis quelques semaines ? La force de la Parole. Une parole qui est une vraie nourriture. La Table de la Parole. Nous avons peut-être même manqué d’audace en Eglise ! Avons-nous vraiment permis à la Parole de Dieu de se partager, de s’échanger ? 

Hier soir, je lisais l’initiative d’un groupe de Bible qui a continué à se retrouver sans une présence physique dans une maison. Souvent ici le dimanche, nous avons invité les familles ou entre amis ou voisins par téléphone ou skype ou autre à partager la Parole de Dieu après la messe suivie derrière un écran. Je ne suis pas certain qu’on ait été assez audacieux, invitant … Mais il n’est pas trop tard pour commencer car c’est me semble t’il un rendez-vous essentiel en ce temps où concrètement nous ne pouvons pas vivre l’expérience du rassemblement. Lorsque des chrétiens partagent entre eux la Parole, n’oublions jamais, le Ressuscité est présent ! comme lorsque je prends soin des plus petits, des plus fragiles ! La présence réelle du ressuscité se conjugue toujours au pluriel. Est-ce que cet aujourd’hui qui va risquer de durée encore, trop je vous le concède, ne pourrait pas nous provoquer à une imagination créatrice pour être une Eglise confinée qui partage la Parole ? Eglise domestique.

 

4. Il se laisse inviter dans nos vies...

 « Et lui faisant semblant d’aller plus loin ! « Reste avec nous Seigneur déjà le jour baisse «  .. Et il prend le repas à l’auberge d’Emmaüs. Et leurs yeux s’ouvrent au geste de la fraction du pain.. 

 

5. Il disparait de leur regard, il s'efface...

Mesurons-nous la puissance de cet effacement ? Il passe le relais. Il s’efface tout en étant présent. Il fait confiance. Il permet alors à chacun de construire sa relation unique avec le Ressuscité, par des chemins inédits, non tracés d’avance, dans le respect des chemins de chacun car « il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père ». il fait de chacun de ses disciples sa présence de Ressuscité sur les routes humaines !

 

Conclusion provisoire ( est-ce que l’on peut conclure ? nous n’en n’avons jamais fini ! =

Je voudrais rassembler quelques appels à poursuivre par vous-même, avec d’autres, sûrs que le Ressuscité fait route avec nous, ce petit chemin, bien modeste, ouvert avec vous et pour vous ce soir … Un chemin que je vous invite maintenant à continuer de vivre avec la Parole de Dieu ; une Parole de Dieu qui continue de s’écrire aujourd’hui ….car l’Esprit souffle et « nul ne sait d’où il vient, ni où il  va » ….


Je nous invite à écrire pour nous-mêmes la relecture des passages du Seigneur en ce temps de confinement, nos chemins d’Emmaüs, nos pas lourds, nos pas lents comme nos yeux qui s’ouvrent …. La pierre qui a été roulée mais aussi peut-être les gros cailloux qui sont encore bel et bien là dans ma vie ?


Je nous invite à nous partager les signes de la présence du Ressuscité au cœur de ce monde en feu car le Crucifié Ressuscité ne l’a pas déserté, loin de là comme il n’a pas déserté son Eglise aux mille visages aussi nécessaires les uns que les autres. 


Je nous invite à nous partager les appels à la conversion que nous discernons avec la Parole dans une main et le temps que nous vivons dans l’autre pour nous-mêmes, pour notre vivre ensemble, notre style de vie, notre vie en Eglise …

 

Je nous invite à ouvrir nos cœurs pour qu’ils deviennent des cœurs brulants de l’autre, mon frère qui souffre. Entendre et répondre aux appels des plus petits, des plus fragiles, des angoissés aux multiples raisons, pour être cette Eglise du Christ serviteur qui est un grand rendez-vous de ce temps, aujourd’hui et demain.


Je nous invite à osier nous dire entre nous - bas les masques ( mais mettez-les quand vous sortez !! ) , qu’on est tous quelque part un pauvre, un petit, un peureux, un angoissé peut être, quelqu’un qui fuit pour ne pas se retrouver face à lui-même, un chrétien en manque de sa communauté ou des lieux de partage où se nourrit sa foi, sa vie ;  un touché par la grâce, un émerveillé de la fraternité humaine à l’œuvre, un reconnaissant …. 

 

Et je voudrais laisser la parole à deux maîtres spirituels : Frère Roger ( prière inspirée à partir de l’icone ) et Maurice Zundel

 

De notre condition humaine en prenant sur toi ce qui nous charge

Plus encore : jusqu’à visiter ceux qui sont morts sans avoir pu te connaitre.
Et même quand il n’y a en nous aucune résonnance sensible de ta présence,
Tu es là.
Par ton Esprit Saint, tu nous habites.
( Prière de Frère Roger )

« Il s'agit de vaincre la mort aujourd'hui même.
Le ciel n'est pas là-bas : il est ici;
L'au-delà n'est pas derrière les nuages, il est au-dedans.
L'au-delà est au-dedans, comme le ciel est ici et maintenant.
C'est aujourd'hui que la vie doit s'éterniser,
C'est aujourd'hui que nous sommes appelés à vaincre la mort,
à devenir source et origine, à recueillir l'histoire,
pour qu'elle fasse, à travers nous un nouveau départ.
Aujourd'hui, nous avons à donner à toute réalité
une dimension humaine pour que le monde soit habitable, digne de nous et digne de Dieu »
( Maurice Zundel)

Père Philippe Pottier, 22 Avril 2020

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Texte de la conférence du Père Philippe Pottier
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