Dimanche 31 janvier - 4ème dimanche du temps ordinaire

Illustration de l'homélie du Père Christophe Peschet - Messe de la BD chrétienne à Angoulême

Homélie de Père Christophe Peschet - Messe de la BD chrétienne à Angoulême 

On  était frappé par son enseignement car il enseignait en homme qui a autorité : voilà ce que nous avons entendu de cet évangile et pour clore cet évangile cette même expression : voilà un enseignement nouveau donné avec autorité.

 

Visiblement l’autorité est bien au cœur de l’importance de cet Évangile. Mais on pourrait peut-être se tromper sur l’interprétation, sur la manière dont Jésus enseigne. On pourrait effectivement penser que Jésus enseigne de manière autoritaire, en colère. Et c’est vrai que la manière dont il a interpellé l’esprit mauvais pourrait appuyer encore plus cette interprétation.

Mais pour éviter toute erreur, il est bon d’aller voir ce que signifie exactement ce mot autorité. Et pour cela, je vais m’appuyer sur ce que disait Michel Serres, le philosophe, le 14 novembre en 2004 dans la chronique qu’il avait sur France Info. Michel Serres nous apprenait que c’est le même mot qui a donné  en latin les mots autorité et auteur. L’auteur est celui qui détient l’autorité. Cela est à comprendre dans 2 sens qui peuvent nous aider à comprendre cette autorité du Christ.

 

D’abord, dans le droit romain ancien, l’auteur est celui qui se porte garant pour la personne qui n’a pas le droit de témoigner dans un tribunal. Souvenons-nous qu’à cette époque, dans l’antiquité, les esclaves, les femmes, les enfants ne pouvaient pas témoigner. Or il pouvait arriver dans certaines affaires  qu’on ait besoin du témoignage de ces personnes. Dans ces cas là, il y avait un homme reconnu qui se portait garant du témoignage de cet esclave, de cette femme ou de cet enfant. Cette personne qui était autorisée à témoigner était l’auteur. C’est lui qui avait l’autorité sur cette personne et qui pouvait certifier que tout ce que ce témoin allait dire était véridique. 

 

Aujourd'hui l’auteur d’un livre peut aussi se porter garant du contenu du livre du fait que c’est lui qui l’a écrit. Il peut certifier que le contenu est bien conforme à ce qu’il pensait.

 

On peut effectivement penser que Jésus parle avec autorité parce qu’il est garant de toute la parole qu’il commente et pour cause puisque c’est lui qui en est l’auteur. Il est le Verbe, le Verbe s’est fait chair et en tant que Verbe on peut dire qu’il connaît son sujet.
Il connaît tellement bien son sujet que par la suite on estime qu’il n’est pas nécessaire d’apporter d’autres compléments. Avec Jésus l’entièreté de la révélation est faite. C’est pour le 1er sens. Jésus est donc garant de ce qu’il enseigne et il en est à l’origine.

 

Le 2ème sens en étymologie : l’autorité c’est faire grandir. Celui qui a autorité sur quelqu'un est là pour l’augmenter, l’élever, valoriser l’autre. En ce sens les parents ont autorité sur leurs enfants pour les faire grandir. Pour rester dans le même registre, ce sont bien les parents qui sont les tuteurs. Dans le jardin, on sait à quoi peut servir un tuteur : pour que l’arbre ou le plant de tomates puisse pousser droit, grandir droit. Et c’est bien le rôle des parents, de ceux qui ont autorité sur les enfants ; que ce soit les parents, les éducateurs, les enseignants et bien d’autres personnes. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être autoritaire. Dans ce cas, quand une autorité se montre ainsi autoritaire, violente, nous sommes dans une déviance. On comprend bien le sens du mot autorité au moment où justement on la perd. Un parent qui est estimé incompétent à élever son enfant est déchu de son autorité parentale. Un tuteur est là pour élever, faire preuve d’autorité. 
Tuteur, élever, autorité : 3 termes qui  finalement nous aident à comprendre que tout cela est pour nous aider à faire grandir l’autre. Nous savons bien qu’une personne qui a une autorité naturelle ne se montre aucunement violente pour élever ceux qui lui sont confiée. C’est cette même autorité dont fait preuve Jésus. Dans le sens où il est venu pour nous valoriser, pour nous faire grandir. Comment nous fait-il grandir ?

 

Il y a quelques petites citations qui peuvent nous aider à comprendre ou être une porte d’entrée pour comprendre la Parole de Dieu. Par exemple, une citation de Saint Augustin : «  le verbe s’est fait chair pour qu’en suivant un homme, ce que nous pouvons faire, nous arrivons à Dieu, ce que nous ne pouvions pas faire. » Suivre un homme, c’est notre possibilité, nous en sommes tous capable et en le suivant nous arrivons à Dieu, ce que tout seul, nous ne pouvions pas faire, sans l’aide du Christ. Ce qui est remarquable avec cette manière dont agit le Christ,  c’est qu’il se met à notre hauteur. Il s’abaisse jusqu’à nous pour nous élever. Il y a ainsi un mouvement de descente jusqu’à nous et il nous entraine à sa suite.

Pour comprendre cela, nous pouvons utiliser une image. Je vais vous citer un saint polonais le frère Albert Chmielowski. Ce frère Albert disait : « Quand on veut redresser une table bancale cela ne sert à rien de la surcharger et de l’accabler de poids énormes ; vous l’abîmerez plus encore. Ce qu’il faut faire, c’est un geste tout simple  et si difficile à tant d’entre nous : Il faut se baisser et réparer la table boiteuse par en bas, au plus bas. »

 

Jésus ne nous tire pas par le haut il nous pousse parce qu’il descend au plus bas.  Voilà la pédagogie du Christ : s’abaisser jusqu’à nous pour nous pousser et nous élever. C’est ainsi qu’il exerce son autorité. Et de ce fait, il parle donc avec autorité, ce que nous disait l’Évangile,  dans tous les sens du terme. Il est bien le garant de la Parole qu’il commente, qu’il explique puisqu’il en est à l’origine. Il est bien le garant également de notre humanité dont il va épouser tous les aspects en s’abaissant jusqu’à nous. Et il nous fait grandir en nous poussant vers le haut et en nous entrainant à sa suite vers le Père.
Cet Évangile nous montre combien finalement il est important et précieux de prendre le temps de goûter le Verbe, la Parole de Dieu pour grandir, pour nous laisser façonner par elle.

 

Traditionnellement, un bon catholique accorde plus d’importance aux rites, aux célébrations qu’à la Parole de Dieu. Souvenons-nous qu’avant Vatican II il n’y avait pas, par exemple, de lecture biblique au baptême. 
Nous sortons de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, reconnaissons que nous avons beaucoup à apprendre de nos frères protestants sur la place que nous avons à donner à la Parole de Dieu. C’est bien le Verbe, c’est bien le Christ qui nous parle dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. Il est bien présent dans cette Parole.

 

Alors que la menace d’un confinement plane sur nos têtes, alors que nous allons probablement vivre des messes sur écrans, arrêtons d’être de bons catholiques c'est-à-dire à porter tant d’importance aux rites en étant malheureusement trop souvent ignorants des Écritures et inspirons-nous de nos frères protestants. Renouvelons notre foi en plongeant dans la Bible c’est aussi comme cela que nous grandirons.


Homélie du dimanche 8 novembre, 32ème dimanche du Temps Ordinaire

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Homélie du Père Emmanuel Haba
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Homélie du dimanche 15 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire

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Homélie du Père Denis Durand
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