A partir du 5 août, le Pape François débute un cycle de catéchèse sur les conséquences de la pandémie et la façon dont les chrétiens sont appelés à réagir.

Mercredi 5 août

Audience générale: guérir l’humanité en suivant l’exemple de Jésus

Pour la reprise des audiences générales après la pause du mois de juillet, toujours depuis la bibliothèque du Palais apostolique, le Pape François a lancé ce matin un cycle sur les conséquences de la pandémie de coronavirus et la façon dont les chrétiens doivent réagir. En partant de l’extrait de l’Évangile de Marc sur la guérison du paralytique, François a expliqué que la guérison que Jésus apporte ne vise pas seulement à guérir un mal physique, mais la personne tout entière.

 

«La pandémie continue à provoquer des blessures profondes, en dévoilant nos vulnérabilités», a d’emblée souligné François, en évoquant les dégâts provoqués directement et indirectement par la pandémie dans de nombreux pays du monde, notamment pour les plus pauvres.

 

Dans ce contexte difficile, «nous devons garder notre regard solidement fixé sur Jésus et avec cette foi embrasser l'espérance du Royaume de Dieu que Jésus lui-même nous apporte». Son «Royaume de justice et de paix» se manifeste aux personnes «à travers des œuvres de charité, qui à leur tour  accroissent l'espérance et renforcent la foi», a expliqué François en s’appuyant sur saint Paul. «Dans la tradition chrétienne, foi, espérance et charité sont bien davantage que des sentiments ou des attitudes. Ce sont des vertus qui nous sont communiquées par la grâce de l'Esprit Saint : des dons qui nous guérissent et qui nous rendent guérisseurs, des dons qui nous ouvrent à des horizons nouveaux, même quand nous naviguons dans les eaux difficiles de notre temps», a souligné le Pape.

 

C’est donc avec un esprit créatif et renouvelé que «nous serons en mesure de transformer les racines de nos maladies physiques, spirituelles et sociales. Nous pourrons guérir en profondeur les structures injustes et les pratiques destructrices qui nous séparent les uns des autres, menaçant la famille humaine et notre planète», a expliqué le Pape.

 

Suivre le modèle de Jésus

«Le ministère de Jésus offre de nombreux exemples de guérison, a rappelé le Pape. Quand il guérit ceux qui sont atteints par la fièvre, par la lèpre, par la paralysie; quand il redonne la vue, la parole ou l'ouïe, en réalité il ne guérit pas seulement un mal physique, mais la personne tout entière. De cette manière, il la ramène également à la communauté, il la libère de son isolement. »

Le récit de la guérison du paralytique rejoint cette dynamique de guérison, avec la complicité des quatre hommes qui apportent leur ami paralytique auprès de Jésus. «L’action de Jésus est une réponse directe à la foi de ces personnes, à l'espérance qu'elles reposent en Lui, à l'amour qu'elles démontrent avoir les unes pour les autres. Jésus guérit donc, mais il ne guérit pas seulement la paralysie: il pardonne les péchés, il renouvelle la vie du paralytique et de ses amis.» Il s’agit donc d’une «guérison physique et spirituelle, fruit d'une rencontre personnelle et sociale».

 

La doctrine sociale de l’Église doit nous inspirer

«L'Église, bien qu'elle administre la grâce du Christ qui guérit à travers les sacrements, et bien qu'elle organise des services sanitaires dans les lieux les plus reculés de la planète, n'est pas experte dans la prévention ou dans le soin de la pandémie», laissant cette responsabilité aux autorités politiques et aux professionnels de santé, a précisé François. Néanmoins, la doctrine sociale de l’Église apporte quelques principes fondamentaux : «la dignité de la personne, le bien commun, l’option préférentielle pour les pauvres, la destination universelle des biens, la solidarité, la subsidiarité, la sauvegarde de notre maison commune. Tous ces principes expriment, de manière différente, les vertus de la foi, de l'espérance et de l'amour», a rappelé l’évêque de Rome, invitant les dirigeants à s'en inspirer pour guérir le tissu social.

Au long des prochaines semaines, il proposera donc dans ses catéchèses du mercredi un enseignement sur les questions que la pandémie a mises en évidence, en particulier «les maladies sociales»«Nous explorerons la manière dont notre tradition sociale catholique peut aider la famille humaine à guérir ce monde qui souffre de graves maladies. Mon désir est de réfléchir et de travailler tous ensemble, en tant que disciples de Jésus qui guérit, pour construire un monde meilleur, plein d'espérance pour les générations futures», a conclu François en reprenant les termes de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium.

Du 6 mai au 24 juin 2020, le Pape François a proposé un cycle de catéchèses sur la prière.

Mercredi 24 juin

Audience générale : "David nous enseigne à tout faire entrer dans le dialogue avec Dieu"

Le Pape François a poursuivi ce mercredi sa catéchèse sur le thème de la prière, revenant en particulier sur la prière du roi David dans l'Ancien Testament. Une figure qui nous rappelle la puissance de la prière à travers l'histoire.

 

Le Pape François, comme les mercredis précédents, a prononcé son audience générale depuis la bibliothèque du palais apostolique. Poursuivant sa catéchèse sur la prière, le Saint-Père est revenu sur la figure du roi David, au coeur de l'Ancien Testament. Une catéchèse qui a commencé par la lecture d'un extrait du psaume 18, prière émouvante de David à Dieu:

Je t'aime, Yahvé, ma force;

Yahvé est mon roc et ma forteresse, mon libérateur.

Mon bouclier, ma force de salut, ma citadelle […]

C'est toi, Yahvé, ma lampe: mon Dieu éclaire ma ténèbre. […]

Ce Dieu qui me ceint de force et rend ma voie irréprochable.

 

Le roi David est «le grand artisan de la composition des psaumes» a souligné le Pape, expliquant qu'il a joué «un rôle central dans l'histoire du peuple de Dieu et de notre foi elle-même». David, a t-il précisé est «un roi totalement selon le cœur de Dieu, en parfaite obéissance au Père, dont l'action réalise fidèlement son plan de salut». 

 

Voici la catéchèse du Saint-Père en français :

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre itinéraire de catéchèse sur la prière, nous rencontrons aujourd'hui le roi David. Elu de Dieu depuis sa jeunesse, il est choisi pour une mission unique, qui revêtira un rôle central dans l'histoire du peuple de Dieu et de notre foi elle-même. Dans les Evangiles, Jésus est appelé plusieurs fois “fils de David”; en effet, comme lui, il naît à Bethléem. Selon les promesses, c'est de la descendance de David, que vient le Messie: un Roi totalement selon le cœur de Dieu, en parfaite obéissance au Père, dont l'action réalise fidèlement son plan de salut (cf. Catéchisme de l'Eglise catholique, n. 2579).

L'histoire de David commence sur les collines autour de Bethléem, où il fait paître le troupeau de son père, Jessé. Il est encore un jeune garçon, le dernier de nombreux frères. Au point que lorsque le prophète Samuel, sur ordre de Dieu, se met à la recherche du nouveau roi, il semble presque que son père ait oublié son  fils le plus jeune (cf. 1 S 16, 1-13). Il travaillait au grand air: nous l'imaginons comme l'ami du vent, des sons de la nature, des rayons du soleil. Il a une seule compagnie pour réconforter son âme: la lyre ; et pendant les longues journées de solitude, il aime jouer et chanter pour son Dieu.

David est donc avant tout un pasteur: un homme qui prend soin des animaux, qui les défend quand le danger arrive, qui pourvoit à leur subsistance. Quand David, par la volonté de Dieu, devra se préoccuper du peuple, il n'accomplira pas des actions très différentes de celles-ci. C'est pour cette raison que, dans la Bible, l'image du pasteur revient souvent. Jésus se définit lui aussi comme “le bon pasteur”, son comportement est différent de celui du mercenaire; Il offre sa vie en faveur des brebis, il les guide, il connaît le nom de chacun d'entre elles (cf. Jn 10,11-18).

David a beaucoup appris de son premier métier. Ainsi, quand le prophète Nathan lui reprochera son très grave péché (cf. 2 Sam 12, 1-15), David comprendra immédiatement qu'il a été un mauvais pasteur, qu'il a dérobé à un autre homme l'unique brebis qu'il aimait, qu'il n'est plus un humble serviteur, mais un malade de pouvoir, un braconnier qui tue et dérobe.

Un deuxième trait caractéristique présent dans la vocation de David est son âme de poète. De cette petite observation, nous déduisons que David n'a pas été un homme ignorant, comme cela peut arriver à des individus obligés de vivre longtemps isolés de la société. Il est en revanche une personne sensible, qui aime la musique et le chant. La lyre l'accompagnera toujours: parfois pour élever à Dieu un hymne de joie (cf. 2 Sam 6, 16), d'autre fois pour exprimer une plainte, ou pour confesser son propre péché (cf. Ps 51, 3).

Le monde qui se présente à ses yeux n'est pas une scène muette: son regard saisit, derrière le déroulement des choses, un mystère plus grand. La prière naît précisément de là: de la conviction que la vie n'est pas quelque chose qui nous glisse dessus, mais un mystère stupéfiant, qui suscite en nous la poésie, la musique, la gratitude, la louange, ou bien la plainte, la supplique. La tradition veut donc que David soit le grand artisan de la composition des psaumes. Ceux-ci contiennent souvent, au début, une référence explicite au roi d'Israël, et à certains des événements plus ou moins nobles de sa vie.

David a donc un rêve: celui d'être un bon pasteur. Quelquefois il réussira à être à la hauteur de cette tâche, d'autres fois moins; ce qui est cependant important, dans le contexte de l'histoire du salut, est qu'il est la prophétie d'un autre Roi, dont il est seulement l'annonce et la préfiguration.

Saint et pécheur, persécuté et persécuteur, victime et bourreau. David a été tout cela. Et nous aussi, nous enregistrons dans notre vie des traits souvent  opposés; dans la trame de la vie, tous les hommes pèchent souvent d'incohérence. Il n'y a qu'un fil rouge, dans la vie de David, qui donne une unité à tout ce qui arrive: sa prière. Elle est la voix qui ne s'éteint jamais. Qu'elle prenne le ton de la joie, ou celui de la plainte, c'est toujours la même prière, seule la mélodie change. Et en agissant ainsi, David nous enseigne à tout faire entrer dans le dialogue avec Dieu: la joie comme la faute, l'amour comme la souffrance, l'amitié comme la maladie. Tout peut devenir une parole adressée au “Toi” qui nous écoute toujours.

David, qui a connu la solitude, n'a en réalité jamais été seul ! Et au fond,  c'est la puissance de la prière, chez tous ceux qui lui font place dans leur vie : celle-ci est en mesure d'assurer la relation avec Dieu, qui est le vrai compagnon de route de l'homme, au milieu des mille épreuves de la vie.

 

Mercredi 17 juin

Audience générale : Moïse, pont entre Dieu et son peuple

Lors de l’audience générale du mercredi 17 juin 2020, tenue une nouvelle fois depuis la Bibliothèque du Palais apostolique, le Pape a poursuivi sa série de catéchèses sur la prière. Pour la 7ème étape de ce parcours, il s’est arrêté sur la prière d’intercession de Moïse, qui a permis de construire un pont entre Dieu et le peuple élu.

 

François a commencé son intervention en remarquant que Moïse n’avait aucune prédisposition à l’héroïsme. Au contraire, «quand Dieu l'appelle, Moïse est humainement “un raté” », il a échoué dans une carrière prometteuse de fonctionnaire, en raison de sa volonté de défendre les opprimés. Mais c'est de cet échec apparent que naîtra sa vocation. C’est précisément dans le silence du désert de Madiane, lors de l’épisode du buisson ardent, que le Seigneur se dévoile en disant: «C'est moi le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob».

 

Pourtant, «à Dieu qui lui parle, qui l'invite à prendre à nouveau soin du peuple d'Israël, Moïse oppose ses peurs et ses objections: il n'est pas digne de cette mission, il ne connaît pas le nom de Dieu, il ne sera pas cru par les israélites, il a une langue qui balbutie...» Moïse est déstabilisé par cette mission qui lui incombe, et dont il ne comprend pas le sens. Il présente à Dieu ses résistances: «Pourquoi? Pourquoi m'as-tu envoyé? Pourquoi veux-tu libérer ce peuple ?»

 

Un homme auquel chaque croyant peut s’identifier

Mais ces doutes révèlent l’humanité profonde de Moïse. «Avec ses craintes, avec ce cœur qui vacille souvent, Moïse apparaît un homme comme nous, avec des doutes», qui lui donnent aussi le sens de la miséricorde face à son peuple qui traverse de nombreuses crises durant la traversée du désert. «Chargé par Dieu de transmettre la Loi à son peuple, fondateur du culte divin, médiateur des mystères les plus élevés, ce n'est pas pour autant qu'il cessera d'entretenir des liens étroits de solidarité avec son peuple, en particulier à l'heure de la tentation et du péché. Moïse n’a jamais perdu la mémoire de son peuple», a insisté François, en expliquant que Moïse était cohérent à la fois avec ses «racines» et avec «la voix de Dieu»

Moïse ne se comporte pas comme un despote, et il relie l’amitié avec Dieu et la miséricorde pour les hommes. «Le livre des Nombres le définit comme le “plus humble et doux que la terre ait porté”. Malgré sa condition privilégiée, Moïse ne cesse pas d'appartenir à cette multitude de pauvres en esprit qui vivent en faisant de la confiance en Dieu le viatique de leur chemin.», a expliqué François.

 

Le modèle de la prière d’intercession

Moïse est donc «le pont, l’intercesseur entre Dieu et le peuple». Il est un exemple pour les pasteurs qui doivent être des ponts, comme l’indique le mot «pontife», a remarqué le Pape. Les vrais croyants doivent donc cultiver la prière d’intercession, sans se décourager face à l’expérience des manquements des personnes et de leur éloignement de Dieu.

«Moïse nous incite à prier avec la même ardeur que Jésus, à intercéder pour le monde, à se rappeler que celui-ci, malgré toutes ses fragilités, appartient toujours à Dieu.» Tous les hommes, même les plus grands pécheurs, restent des enfants de Dieu, a répété François, en précisant que tout pasteur, à commencer par le Pape lui-même, a le devoir d’intercéder pour ceux qui ne vont pas bien, et non pas de condamner.

 

Albert Chmielowski, le "François d’Assise" polonais

Au terme de l’audience, outre l’évocation de la Journée de la Conscience, le Pape s’est notamment adressé aux fidèles de langue polonaise. Il a rappelé que ce 17 juin est jour de mémoire liturgique du saint frère Albert Chmielowski, surnommé le "Poverello" polonais, car il avait François d’Assise pour modèle. La devise de sa vie était «Être bon comme le pain», a rappelé le Pape, en exhortant à le suivre «dans l’amour fraternel, en apportant de l’aide aux affamés, aux personnes défaites par la vie, aux pauvres, aux personnes dans le besoin et surtout aux sans-abri»

Mercredi 10 juin

Audience : le Pape nous invite à nous laisser changer par Dieu

Lutter contre Dieu est une métaphore de la prière : le Pape François a poursuivi ce mercredi matin, lors de l'audience générale, son cycle de catéchèse sur la prière en revenant sur le combat de Jacob avec l'ange du Seigneur.

L'épisode du combat de Jacob avec un inconnu alors qu'il s'en va vers sa terre natale, relaté dans le livre de la Genèse, est une métaphore de la prière. Cette lutte contre Dieu, explique le Pape depuis la bibliothèque du palais apostolique d'où il conduit toujours les audiences générales, montre que Dieu sauve ce qui est perdu.

Jacob, fils d'Isaac et frère cadet d'Esaü, est «un self-made-man» qui «semble réussir dans chacune de ses entreprises», raconte François. «Il est habile dans les affaires : il s’enrichit beaucoup, devenant propriétaire d’un troupeau immense». Jacob est un homme «sans scrupule», capable «d'une longue série d'astuces», précise le Pape. «Avec la ruse, il réussit à conquérir tout ce qu'il désire».

 

Une rencontre qui change tout

C'est cet homme qui va rencontrer Dieu un soir alors qu'il est sur le point de rejoindre sa terre natale, car «il lui manque le rapport direct avec ses propres racines». Il lutte toute la nuit contre l'ange et perd le combat, comprenant à la fin qu'il a combattu contre Dieu. «Le patriarche en ressort changé» explique le Saint-Père. «Pour une fois, il n'est plus maître de la situation, il n'est plus l'homme stratège et calculateur».

Auparavant, Jacob avait dialogué avec Dieu, l'avait senti comme «une présence amie et proche». Mais «c'était un homme imperméable à la grâce, réfractaire à la miséricorde»«Et c'est ce Jacob qui reçoit de Dieu la bénédiction», continue François qui précise que le petit-fils d'Abraham ressort de cette nuit «vulnérable, et remis en cause, mais le cœur nouveau», avec un nouveau nom, Israël, une nouvelle manière de vivre, et une nouvelle personnalité. «Dieu le ramène à sa vérité de mortel qui tremble et qui a peur» ; «Il lui fait comprendre qu'il avait des limites, qu'il était un pécheur qui avait besoin de miséricorde et le sauve».

 

Se laisser transformer par Dieu

Avec l'histoire de Jacob, nous voyons que «nous avons tous un rendez-vous dans la nuit avec Dieu», explique le Pape. «Il nous surprendra au moment où nous ne l’attendons pas, au moment où nous resterons véritablement seuls. Au cours de cette même nuit, en combattant contre l’inconnu, nous prendrons conscience d’être uniquement de pauvres hommes».

Nulle crainte à avoir, rassure François, car il s'agit d'une «belle invitation à se laisser changer par Dieu» qui sait comment faire «parce qu'il connaît chacun de nous».

 

Solennité du Corpus Domini

À l'issue de ses saluts, le Pape est revenu sur la solennité du Corpus Domini qui sera célébrée ce jeudi 11 juin. En raison des mesures sanitaires en vigueur encore dans de nombreux pays, il ne sera pas possible de célébrer l'eucharistie lors de manifestations publiques. «Toutefois, précise François, nous pouvons réaliser une “vie eucharistique”. L'hostie consacrée renferme la personne du Christ : nous sommes appelés à la chercher devant le tabernacle à l'église, mais aussi au sein de ce tabernacle que sont les derniers, les personnes souffrantes, les personnes seules et pauvres» a-t-il déclaré.

Mercredi 3 juin

Audience : comme Abraham, accueillir la Parole de Dieu et Lui faire confiance

Ce mercredi 3 juin, depuis la bibliothèque du Palais apostolique, le Saint-Père a poursuivi son cycle de catéchèses sur la prière. C’est cette fois-ci la figure du patriarche Abraham qui était au centre de l’allocution du Pape. Le père des croyants, qui se plaint de ne pas avoir de descendance, pose un acte de foi en faisant confiance à la parole entendue. Il nous apprend à faire de même, pour que la volonté de Dieu se réalise.

“Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux…” Et il déclara: “Telle sera ta descendance !”» (Gn 15,5). Une demande qui semble défier la raison, puis une promesse: telle est la réponse adressée par le Seigneur à Abram, déçu de ne pas avoir d’héritier de son sang. Alors Abram ose un saut dans la confiance: il «eut foi dans le Seigneur» (Gn 15,6).

 

La vie comme vocation : une promesse qui se réalise

Dans le passage biblique à la base de la catéchèse de ce mercredi (Gn 15, 1.3-6), Abraham – qui se nomme encore Abram, le «Père élevé»; le nom Abraham, «Père d’une multitude», lui sera donné par Dieu plus tard (Gn 17, 5) – a déjà «osé quitter son pays, ses racines et sa famille pour marcher vers un avenir nouveau», a expliqué le Pape. Et tout cela «sur la base d’une promesse, en laquelle il suffit simplement de se fier».  

«Modèle du parfait homme de Dieu se soumettant à sa volonté, même quand celle-ci semble dure, Abraham fait confiance à la parole entendue»«Ceci est important, il fait confiance à la Parole de Dieu», a insisté le Pape. Il est «l’homme de la Parole», une Parole qui s’incarne dans la vie de celui qui la reçoit. Ainsi naît «un rapport nouveau avec Dieu», introduit plus largement «dans l’histoire religieuse de l’humanité: la vie du croyant commence à être conçue comme une vocation, elle est le lieu où se réalise une promesse qui donne la force et qui, un jour, se réalisera», a souligné le Saint-Père.

 

Dieu est toujours proche

La vie d’Abraham, rapportée tout au long du livre de la Genèse, montre que par une prière fidèle, «la foi se fait histoire»: «Dieu n’est plus lointain, entrevu seulement à travers les phénomènes cosmiques», a fait remarquer François. «le Dieu d’Abraham, devient mon Dieu, le Dieu de mon histoire personnelle qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas. […] Il est le Dieu Providence»«Avons-nous cette expérience de Dieu?», a ensuite interpellé le Saint-Père. «Le Dieu de mon histoire personnelle, le Dieu qui guide mes pas, qui ne m’abandonne pas, le Dieu de mes jours ?»

Et le Pape de citer comme exemple le Mémorial, une œuvre de Blaise Pascal écrite pendant la nuit du 23 au 24 novembre, dite la Nuit de feu. Ce texte d'une extrême brièveté, issu d’une expérience mystique fulgurante pour le philosophe français, commence ainsi: «Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude, certitude. Joie. Paix. Dieu de Jésus Christ». Blaise Pascal portait toujours cet écrit sur lui, cousu dans son vêtement.

 

Approfondir le dialogue avec le Seigneur

Le Saint-Père a poursuivi sa catéchèse en revenant à cette relation confiante et vivante d’Abraham avec le Seigneur. Le patriarche «devient familier de Dieu, capable de discuter avec lui, mais toujours fidèle, et cela jusqu’à l’épreuve suprême, lorsqu’il lui est demandé de sacrifier son fils Isaac». Il vit alors la foi «comme un drame, comme un chemin à parcourir dans la nuit, sous un ciel cette fois-ci privé d’étoiles». «Mais Dieu a vu sa totale disponibilité, il retient la main d’Abraham et épargne son fils».

 

François a conclu en invitant à apprendre d’Abraham le fait de «prier avec foi», autrement dit «écouter le Seigneur, marcher, dialoguer jusqu’à discuter». «N’ayons pas peur de discuter avec Dieu!», s’est-il exclamé. Une discussion transparente et filiale, qui nous conduit à être «toujours disposés à accueillir la Parole de Dieu et à la mettre en pratique».

Mercredi 27 mai

Audience : la prière est le refuge de l'homme contre la montée du mal

Lors de l’audience générale qu’il a tenue ce mercredi dans la bibliothèque du palais apostolique, le Pape François a consacré sa catéchèse à la «prière des justes» ; au milieu des tribulations inhérentes à l’histoire des hommes, cette prière, faite avec humilité et sincérité, attire la force de Dieu, laquelle fait vivre et grandir le monde.

«Le dessein de Dieu à l’égard de l’humanité est bon, mais dans les péripéties du quotidien nous faisons aussi tous les jours l’expérience de la présence du mal», assure d’entrée le Pape, prenant appui sur les Saintes Écritures dont les pages initiales nous décrivent les premiers développements du péché dans les événements de la vie humaine.

 

La prière authentique des justes

Ainsi, comme nous le montre le livre de la Genèse, Adam et Eve cèdent à la tentation du Malin car ils doutent des bonnes intentions de Dieu. Ensuite, avec Caïn et Abel, la première fraternité, corrompue par l’envie, se conclut par un homicide. Puis, le mal s’étendra comme une tache d’huile. Les grandes fresques du déluge et de la tour de Babel révèlent qu’il y a besoin d’un nouveau commencement, d’une nouvelle création qui aura son accomplissement dans le Christ.

Mais ces pages vétérotestamentaires parlent aussi d’autres histoires, plus humbles et discrètes, qui représentent le «rétablissement de l’espérance». Alors qu’une grande partie de l’humanité semble se perdre dans les ténèbres de la haine et de la violence, d’autres personnes se distinguent, «capables de prier Dieu avec sincérité, d’écrire d’une autre manière la destinée de l’homme». Et le Pape de citer l’exemple d’Abel, de son frère Seth, du fils de celui-ci, Énoch et enfin de Noé.

En lisant ces récits, poursuit François, «on a l’impression que la prière est la digue, le refuge de l’homme devant la montée du mal qui grandit dans le monde». L’homme prie également pour se sauver de lui-même, et le Souverain Pontife insiste d’ailleurs sur ce point, suggérant de prier ainsi : «Seigneur, sauve-moi de moi-même, de mes ambitions et de mes passions».

Pour le Pape, ces orants que la Bible nous montre sont «des artisans de paix»: «en effet, la prière, quand elle est authentique, libère des instincts de violence ; elle est un regard tourné vers Dieu pour qu’il prenne soin du cœur de l’homme». Et d’ajouter: «la prière de Dieu est puissante car elle attire le pouvoir de Dieu et le pouvoir de Dieu donne la vie, toujours. Il est le Dieu de la vie et il fait renaitre».

 

La prière est semence de vie

La Seigneurie de Dieu passe par cette chaine d’hommes et de femmes souvent incompris et mis à l’écart du monde. Or, celui-ci vit et grandit grâce à la force de Dieu que ses serviteurs attirent par leur prière ; ils ne font pas de bruit et les médias n’en parlent pas, et pourtant cette prière est importante pour redonner confiance au monde, affirme François. La prière sème la vie, d’où la nécessité de l’enseigner aux tout-petits. Même s’ils l’oublient en grandissant, elle restera toujours dans leur cœur cette «semence de vie et du dialogue avec Dieu». Et le Saint-Père de conclure en invitant à prier Dieu pour qu’il transforme les cœurs de pierre en cœurs de chair.

 

Il s’est ensuite adressé aux fidèles de langue française: «dans quelques jours nous célèbrerons la fête de la Pentecôte. Prions l’Esprit Saint pour qu’il fasse de nous des hommes de paix et de fraternité et rende confiance et espérance au monde. Que Dieu vous bénisse !»

Mercredi 20 mai

Audience générale : la prière est ravivée par l’émerveillement

En cette veille de la solennité de l’Ascension, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur la prière, en méditant sur le mystère de la Création, lors de l'audience générale du mercredi 20 mai 2020. Le Saint-Père a insisté sur les vertus de l’émerveillement, provoquées par la beauté de la Création et qui se trouvent «à la source de la prière».

 

«La vie, le simple fait d’exister, ouvre le cœur de l’homme à la prière». Ainsi la première page de la Bible ressemble à «un grand hymne d’action de grâce» où le récit de la création célèbre la bonté et la beauté de tout ce qui existe, a déclaré le Souverain pontife argentin pour amorcer sa réflexion sur la joie de l’existence, stimulée par la beauté de la création.

 

L’homme est motif de joie

En effet, selon lui, «au sommet de la création se trouve l’homme», «motif de satisfaction et de joie». Et donc, par conséquent, «la beauté et le mystère de la création génèrent dans son cœur le premier élan qui suscite la prière». «Bien qu’étant très fragile, l’être humain est l’unique créature consciente de tant de beauté dans l’univers. C’est pourquoi la prière de l’homme est étroitement liée au sentiment d’émerveillement», a assuré François, ajoutant que «la relation à Dieu est la grandeur de l’homme», «son intronisation». 

 

La profusion de beauté de l’univers

L'homme en prière contemple le mystère de l'existence autour de lui, voit le ciel étoilé au-dessus de lui - que l'astrophysique nous montre aujourd'hui dans toute son immensité - et se demande quel dessein d'amour il doit y avoir derrière une œuvre aussi puissante. Et, dans cette immensité sans limites, qu'est-ce que l'homme? «Presque rien», dit un psaume (cf. 89, 48): un être qui naît, un être qui meurt, une créature très fragile. Pourtant, dans l'univers entier, l'être humain est la seule créature consciente d'une telle profusion de beauté. Un petit être naît, meurt, a poursuivi le Pape François dans sa réflexion sur l’émerveillement.  

 

La prière, première force de l’espérance

«La grandeur de l'homme est infinitésimale par rapport aux dimensions de l'univers. Ses plus grandes réalisations semblent bien peu de choses... Mais l'homme n'est rien. Dans la prière, un sentiment de miséricorde est affirmé de façon écrasante», a-t-il ajouté.

«Par nature, a relevé le Pape, nous sommes presque rien, mais par vocation nous sommes les fils du grand Roi». «La prière est donc la première force de l’espérance», a-t-il souligné, rappelant combien les hommes et les femmes qui prient savent que «l’espérance est plus forte que le découragement»; «que l’amour est plus puissant que la mort et que sur leur visage se reflète un éclat de lumière».

 

Raviver l’étincelle de l’action de grâce 

Car, même les jours les plus sombres, «le soleil ne cesse de les éclairer. La prière t’illumine, elle t’illumine l’âme, le cœur, le visage. Même dans les temps les plus obscurs, même dans les temps de grande douleur», a détaillé le Pape.

Selon le Successeur de Pierre, il suffit de contempler un ciel étoilé, un coucher de soleil, une fleur..., pour raviver l'étincelle de l'action de grâce. Cette expérience est peut-être à la base de la première page de la Bible.

 

Porter la joie partout, dire merci

Le Pape François a donc tenu à insister sur le fait que, tous, nous sommes porteurs de joie. «La vie, don de Dieu, dans sa brièveté ne doit pas être vécue dans la tristesse car nous sommes les enfants du grand Roi, capables de lire sa signature dans toute la création», avant de nous interpeller: «Avez-vous pensé à cela, que vous êtes porteurs de joie? Ou préférez-vous porter de mauvaises nouvelles qui rendent tristes? Tous nous sommes capables de porter la joie».

Et François de conclure sur l’action de grâce: «Cette vie est le don que Dieu nous a fait: et elle est trop courte pour être consumée par la tristesse, Louons Dieu, en étant contents d'exister tout simplement. Cela nous pousse à dire merci, et ce merci est une belle prière». 

Mercredi 13 mai 2020

Audience générale : prier, c'est rendre son cœur disponible pour la visite de Dieu

 

«La prière appartient à tous, aux hommes de toute religion, et probablement aussi à ceux qui n’en professent aucune», a d’emblée expliqué le Pape, à la veille de la journée du 14 mai, durant laquelle les croyants de toutes les religions du monde seront invités à prier dans le contexte de la pandémie de coronavirus, avant de revenir sur les spécificités de la prière chrétienne.
«La prière naît dans le secret de nous-mêmes, dans ce lieu intérieur que les auteurs spirituels appellent souvent “le cœur”», a expliqué François, en reprenant des termes du Catéchisme de l’Église catholique. La prière relie donc toutes les dimensions de notre être profond. «Les émotions prient, mais on ne peut pas dire que la prière soit seulement une émotion. L’intelligence prie, mais prier n’est pas seulement un acte intellectuel. Le corps prie, mais on peut parler avec Dieu aussi dans la plus grave invalidité. C’est donc tout l’homme qui prie, s’il prie avec son “cœur”», a insisté le Pape.

 

Une dynamique relationnelle et aimante
La prière est un élan qui évoque «la nostalgie d’une rencontre» et une dynamique de lien entre le «moi» et le «Tu». Cette dilatation du cœur que le chrétien vit quand il prie ouvre donc à une relation, et non pas à un repli sur soi. Dieu a voulu entrer en relation avec chacun de nous, et «le christianisme est la religion qui célèbre continuellement la “manifestation” de Dieu, c’est-à-dire son épiphanie. Les premières fêtes de l’année liturgique sont la célébration de ce Dieu qui ne reste pas caché, mais qui offre son amitié aux hommes», à travers l’inscription de Jésus dans l’histoire humaine.

«Le christianisme a banni du lien avec Dieu toute relation de type “féodal”», a expliqué François, en rappelant que la relation entre Dieu et les hommes ne doit jamais être une «sujétion», un «esclavage» ou une «vassalisation», mais qu’au contraire le patrimoine spirituel chrétien évoque des paroles douces pour évoquer cette relation : «alliance»«amiti黫promesse»«communion», ou encore «proximité».


Dieu nous aime sans conditions préalables
«Dieu est l’ami, l’allié, l’époux», et dans le “Notre Père” Jésus nous a appris à adresser au Père toute une série de demandes. Nous pouvons donc tout demander à Dieu, tout Lui raconter. Même si nous nous sentons en défaut, même si nous avons été infidèles, «Lui, Il continue à bien nous aimer». Jésus l’a démontré dans son amour inconditionnel pour ses disciples, le soir de la Cène, alors même qu’Il savait qu’il serait trahi.
Dieu attend donc que nous lui ouvrions la porte de notre cœur. «Parfois, il frappe à la porte du cœur mais il n’est pas envahissant : il attend», il a la tendresse et la patience «d’un papa et d’une maman». Le «noyau incandescent» de la prière chrétienne est donc tourné vers un «Dieu d’amour, notre Père qui nous attend et nous accompagne», a conclu François.

Mercredi 6 mai 2020

Audience générale : « la prière est le souffle de la foi, son expression la plus juste. »

 

Le Pape François a entamé lors de l'audience générale ce mercredi un nouveau cycle de cathéchèses qui porte sur la prière. Revenant sur l'épisode de l'aveugle Bartimée raconté dans l'Evangile selon saint Marc, le Saint-Père a rappelé le sens du cri d'un coeur qui se tourne vers Dieu. 

 

Depuis la bibilothèque du palais apostolique, le Pape François a tenu son audience générale qui inaugure un nouveau cycle de catéchèse. Après un cycle sur les Béatitudes, ce mercredi de la quatrième semaine de Pâques en a inauguré un nouveau sur la prière. La prière «est la respiration de la foi, son expression la plus juste. Elle est comme un cri qui sort du cœur de celui qui croit et se confie à Dieu» a expliqué le Pape. François est revenu sur le passage de l'Evangile de Saint-Marc (Mc 10, 46-52) lu avant sa catéchèse qui relate l'histoire de Bartimée, un mendiant aveugle de la ville de Jéricho, qui crie vers Jésus. «Il utilise la seule arme en sa possession pour attirer l’attention de Jésus : il crie.»

 

Après ce cri, beaucoup lui demandent de se taire, a relaté le Pape, «mais lui continue, et Jésus écoute son cri». Bartimé avait décidé qu'il ferait tout son possible pour rencontrer Jésus. Il ne sait pas où est Jésus mais il devine sa présence gâce au bruit de la foule. Bartimé est seul mais personne ne s'en soucie. 

 

La reconnaissance du Messie

La manière dont s'exprime Bartimé à Jésus est très importante a pousuivi François: «Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !». Elle signifie "le Messie", «c'est une profession de foi qui sort de la bouche de cet homme méprisé de tous». La prière de Bartimée touche le cœur de Jésus, le cœur de Dieu, et les portes du salut s’ouvrent pour lui.

 

Jésus l’appelle et il va reconnaître chez cet homme pauvre, sans défense, méprisé, la puissance de sa foi qui attire la miséricorde et la puissance de Dieu. Bartimée est un homme persévérant, a précisé le Pape. Autour de lui il y avait des gens qui expliquaient qu’il était inutile d’implorer, que crier était un vacarme qui dérangeait, c’est tout. Mais lui continue à crier de plus belle et à la fin il obtient ce qu’il voulait. 

 

Jésus reconnaît ainsi à cet homme pauvre, impuissant et méprisé toute la force de sa foi, qui attire la miséricorde et la puissance de Dieu. «La foi, c'est avoir deux mains levées, une voix qui crie pour implorer le don du salut», a poursuivi le Souverain Pontife. 

 

L’homme est un «mendiant de Dieu»

A travers le cri de Bartimé, a poursuivi François, il y a dans le cœur d'un homme qui invoque Dieu, «une voix qui sort spontanément, sans que personne ne la commande, une voix qui s'interroge sur le sens de notre chemin, surtout lorsque nous nous trouvons dans l'obscurité : "Jésus, aie pitié de moi ! Jésus, aie pitié de nous tous !”» 

 

Les chrétiens partagent le cri de la prière avec tous les hommes et les femmes. Saint Paul élargit l'horizon en rappelant  que «la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement » (Rm 8, 22). Le Pape François a conclu sa catéchèse en utilisant une belle formule qui résume ce cri de Bartimée vers Jésus, un cri universel: «l’homme est un mendiant de Dieu».